Toute la lumière sur l’extinction

TOUTE LA LUMIÈRE SUR L’EXTINCTION

 

Nous consommons de la nuit sans modération et de plus en plus. L’activité humaine a bouleversé l’alternance naturelle du jour et de la nuit en développant de manière anarchique et disproportionnée l’éclairage artificiel extérieur. L’éclairage en excès est donc de l’argent jeté au ciel, mais aussi et surtout, une atteinte à la santé humaine et aux écosystèmes de la faune et de la flore.

La pollution lumineuse, c’est quoi ?

Son effet le plus immédiatement visible concerne la dégradation de la qualité du ciel étoilé qui est réduit aux quelques étoiles les plus brillantes, à quelques planètes et à la Lune. Du point de vue de la santé humaine, la recherche médicale montre que l’alternance naturelle du jour et de la nuit est le premier donneur de temps pour notre horloge interne. Ce synchronisateur rythme la sécrétion de plusieurs hormones, comme la mélatonine. Une désynchronisation peut donc générer stress, fatigue, perte de la qualité du sommeil, irritabilité ou troubles de l’appétit.

Au plan environnemental, les écologues montrent des espèces fortement perturbées par la lumière artificielle. Les plus touchés sont les insectes et les papillons de nuit. Les papillons, à l’instar des abeilles, sont des insectes pollinisateurs. Pour eux, les candélabres sont des pièges mortels. On estime que chaque nuit un candélabre tue 150 insectes, ce qui a des conséquences immédiates sur leurs effectifs et sur toutes les espèces qui s’en nourrissent directement comme les chauves-souris, par exemple. Il a été constaté deux fois plus d’activité des chauves-souris sur les sites éclairés avec extinction des feux que sur ceux allumés toute la nuit. Conclusion : elles sont incommodées par la lumière et fuient ces lieux éclairés. Mais lorsque l’obscurité s’installe, les animaux reviennent. On voit donc que l’extinction des feux a un effet positif sur le comportement des chauves-souris. Sans chauves-souris, c’est la multiplication des pyrales, ces papillons de nuit dont la chenille est défoliatrice des arbres. Sans chauves-souris, c’est aussi la multiplication des moustiques.

Aujourd’hui, les coûts écologiques et sanitaires autorisent à employer le terme de polluant pour la lumière artificielle. Cette pollution lumineuse a un impact majeur sur la biodiversité car 30% des vertébrés et 60% des invertebrés sont des animaux nocturnes et elle affecte près de 20% de la superficie du globe.

En moyenne pour les communes, l’éclairage public représente 38% de la facture d’électricité. Ce pourcentage est moindre à Villiers-en-Bière, car l’éclairage public a déjà été modernisé en 2009 avec changement du type d’ampoules et surtout un abaissement d’intensité de la lumière de 30% pendant 7 heures la nuit. Cette modernisation avait déjà permis à l’époque une économie d’environ un tiers de la dépense. Ces derniers mois, nous avons opté pour un éclairage LED, plus efficace et infiniment plus économe La coupure nocturne diminuera encore cette facture de 30 à 40 %, soit une économie d’environ 1500 euros annuels.

Contexte

Depuis 2008 ce sont près de 10 000 communes en France qui ont mis en place un système d’extinction de l’éclairage public, la plupart du temps de minuit à 5 heures du matin. Il faut savoir que l’éclairage public n’est pas obligatoire, c’est un service rendu au public et non pas un service public.

Sur les 69 communes qui constituent le Parc Naturel du Gâtinais, plus de soixante pratiquent déjà, et pour certaines depuis de nombreuses années, l’extinction de l’éclairage public la nuit. Aucune n’est jamais revenue sur cette décision. Aucune hausse de la délinquance n’a été signalée à quelque endroit que ce soit. Dans certains cas, elle a même diminué, difficile en effet pour les voleurs de ne pas se faire remarquer quand on opère avec une lampe torche ! Enfin, un rapport circonstancié de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) souligne paradoxalement que les voies et les ronds-points non éclairés la nuit, sont moins accidentogènes.